Depuis plus de 20 ans, Enzo Gieco entretient une relation fidèle avec des musiciens de Morella. Cette ville espagnole fortifiée située au nord de la province de Castellón culmine à 1070 mètres d’altitude.
En 2012, la Corporation des Arts et Métiers de la ville lui a tout naturellement commandé une messe qui porte son nom en langue valencienne : « Missa d’Arts i Oficis ».
Cette œuvre a été composée pour la célébration du 53e « Sexenni » ou « Fêtes Sexennales » dont l’origine remonte au XVIIe siècle. En 1672, suite à une épidémie de peste, les habitants de Morella se placèrent sous la protection de la Vierge de la Vallivana qui, d’après la légende, les protège depuis lors de cette maladie.
L’année suivante, on décida de célébrer ce miracle tous les six ans : la ville est alors décorée de tapisseries et de guirlandes très colorées et traversée par une longue procession en l’honneur de la Vierge.
La messe comprend les cinq mouvements traditionnels de la liturgie catholique ( Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei) mais son écriture est largement inspirée par des rythmes et mélodies d’Amérique latine, notamment dans les trois derniers mouvements.
Ce métissage se retrouve non seulement dans l’utilisation des deux langues propres à ces deux traditions : le latin et l’espagnol, portés par un chœur mixte à 4 voix, mais aussi dans l’orchestration peu conventionnelle pour une œuvre liturgique.
En effet, les violons y côtoient la guitare et le piano, les flûtes traversières, le saxophone et, sur certains mouvements, les percussions andines.
Agnès Lerdou